- emblème
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• 1560; lat. emblema, gr. emblêma « ornement rapporté, mosaïque »1 ♦ Figure symbolique généralement accompagnée d'une devise. Il « imagina pour Louis XIV l'emblème d'un soleil dardant ses rayons sur un globe » (Voltaire).2 ♦ Par ext. Figure, attribut destinés à représenter une autorité, un métier, un parti. ⇒ 2. insigne, symbole. « Les emblèmes des arts : la houlette des pasteurs, la gerbe du laboureur, les grappes de la vigne » (Gautier). — Mercure a pour emblème le caducée. ⇒ attribut.3 ♦ Être ou objet concret, consacré par la tradition comme représentatif d'une chose abstraite. ⇒ symbole. Le lis est l'emblème de la pureté. « La fauvette fut l'emblème des amours volages, comme la tourterelle de l'amour fidèle » (Buffon).emblèmen. m.d1./d Figure symbolique, conventionnelle, le plus souvent accompagnée d'une devise. La nef, emblème de Paris.d2./d Par ext. Attribut, marque extérieure représentant une autorité, une corporation, une association, une ligue, un parti, etc. La grenade, emblème de la gendarmerie.d3./d être ou objet devenu, par tradition, la représentation d'une chose abstraite. Le coq, emblème de la vigilance.⇒EMBLÈME, subst. masc.A.— Représentation d'une figure à valeur symbolique particulière, éventuellement accompagnée d'une légende en forme de sentence. Lire un emblème. L'emblème antique qui représente la vie par un cercle formé par un serpent qui se mord la queue donne une image assez juste des choses (C. BERNARD, Introd. ét. méd. exp., 1865, p. 138). Nos barques de pêcheurs, dont la plupart portent toujours à la proue des emblèmes que portaient les barques phéniciennes (VALÉRY, Variété III, 1936, p. 236) :• 1. C'étaient là des armoiries qu'elle tenait de son Conseil et dont l'emblème et la devise semblaient lui convenir...FRANCE, Vie de Jeanne d'Arc, t. 1, 1908, p. 402.B.— P. ext.1. Attribut visible d'un être ou d'une chose, employé pour les représenter. Le sceptre et la couronne, emblèmes de la royauté; emblèmes maçonniques; emblèmes mythologiques. Des prêtres évoluent lentement autour d'un grand taureau de pierre rouge, qui est l'emblème même de Sivâ (LORRAIN, Monsieur de Phocas, 1901, p. 339). La fameuse casquette à ruban de velours, qui est l'emblème quasi international de la gent scolaire distinguée. (H. BAZIN, Vipère, 1948, p. 273).2. a) Être ou objet visible, conventionnellement choisi pour représenter quelqu'un ou quelque chose.— [Pour représenter une pers. ou un groupe] Emblème royaliste. Dupin l'avocat est un emblème du Directoire, Soult est l'emblème de l'Empire (BALZAC, Œuvres div., t. 2, 1803-35, p. 105). La race gauloise, très facile à distinguer par (...) l'allure du coq qui a mérité d'être pris pour emblème (COUPIN, Animaux de nos pays, 1909, p. 70).— [Pour représenter une chose abstr.] La femme, jusque-là si décriée (...) devint l'emblème de toute perfection (CHARDONNE, Attach., 1943, p. 23) :• 2. Leurs têtes [des Chouans] étaient surmontées d'une sale toque en laine rouge, semblable à ce bonnet phrygien que la République adoptait alors comme emblème de la liberté.BALZAC, Les Chouans, 1829, p. 4.Rem. Bien qu'il soit, en ce sens, synon. de symbole, emblème présuppose une convention sociale plus restreinte. Ce bonnet était pour elle quelque chose d'infiniment précieux (...) peut-être comme emblème du village, comme symbole de la patrie (FRANCE, Pt Pierre, 1918, p. 264). Cette croix n'était pas (...) empruntée à Hitler, mais à Cuza, qui longtemps avant le Führer avait fait son emblème de ce vieux signe sacré des Aryens (THARAUD, Envoyé Archange, 1939, p. 30).b) Vieilli. Signe, image typique. Sous l'emblème d'une création hebdomadaire, elle [la Genèse] a voulu dire que le Créateur avait opéré selon une série progressive et non par un rayonnement simultané (PROUDHON, Créat. ordre, 1843, p. 162). Ève avec son gros ventre, emblème trop évident de la première maternité (FROMENTIN, Maîtres autrefois, 1876, p. 395) :• 3. Marie, assise sur les genoux de sa mère, se penche en souriant pour recevoir dans ses bras son fils, jeune enfant qui joue avec un agneau. Ce tableau plein de tendresse et d'une gaieté douce, est à mes yeux, l'emblème fidèle du caractère de Léonard.STENDHAL, Hist. de la peint. en Italie, t. 1, 1817, p. 228.— Spéc., crit. littér. ,,Forme de l'allégorie n'utilisant que des traits qui peuvent se rendre par le pinceau`` (Lar. encyclop.). Très souvent, en effet, la fable chez M. Arnault n'est qu'une épigramme mise en action ou traduite en emblème (SAINTE-BEUVE, Caus. lundi, t. 7, 1851-62, p. 509).Rem. On rencontre ds la docum. le subst. fém. emblémature. Ensemble d'emblèmes. L'emblémature du roi Salomon, héritier de ces sages (ADAM, Enf. Aust., 1902, p. 118).Prononc. et Orth. :[
]. Voyelle de syllabe finale longue ds PASSY 1914 et BARBEAU-RODHE 1930. Enq. : /
/. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1560 « figure symbolique souvent accompagnée d'une devise » (POLDO D'ALBENAS, Antiq. de Nismes, 40 ds R. Hist. litt. Fr., t. 11, p. 500); 2. 1760 « être ou objet concret qui symbolise une chose abstraite » (VOLT., Trancr., III, 1 ds LITTRÉ); 1801-18 « attribut » (STENDHAL, Journal, t. 3, p. 145). Empr. au lat. class.
, -atis « ornement en placage sur des vases » du gr.
« ce qui est appliqué sur » de
« jeter sur ». Fréq. abs. littér. :425. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 1 146, b) 381; XXe s. : a) 466, b) 344. Bbg. RUSSELL (D.). The Term emblème in six-teenth-century France. Neophilologus. 1975, t. 59, pp. 337-351. — SAIN. Arg. 1972 [1907], p. 123. — SAIN. Lang. par. 1920, p. 330.
emblème [ɑ̃blɛm] n. m.ÉTYM. 1560; lat. emblema, du grec emblêma « ornement rapporté, mosaïque ».❖1 Figure symbolique, généralement accompagnée d'une devise. || Composer, expliquer un emblème. || L'emblème de Louis XIV comportait un soleil (→ Devise, cit. 1).2 Par ext. Figure, attribut destinés à représenter symboliquement (un personnage, une autorité, un métier, un parti…). ⇒ Insigne, symbole. || Les fleurs de lis, emblèmes ornant les armoiries des rois de France. || Le bonnet phrygien (cit.), emblème de la liberté. || La femme au bonnet phrygien, emblème de la République. || La tiare et les clefs de saint Pierre, emblèmes de la Papauté. || Le sceptre et la couronne, emblèmes de la royauté. || La croix, emblème des chrétiens. || Emblèmes figurant sur des drapeaux, des décorations (cit. 8). || Emblème politique. ⇒ Cocarde. || Emblèmes militaires. ⇒ Drapeau. || Emblèmes maçonniques : ornements qui indiquent les grades des francs-maçons.1 (…) le groupe des anges portant les emblèmes des arts : la houlette des pasteurs, la gerbe du laboureur, les grappes de la vigne, les fruits des jardins précèdent les figures qui tiennent les symboles de la musique, de l'architecture et de l'art céramique.Th. Gautier, Portraits contemporains, p. 276.2 (…) le crâne ou la tête de mort est l'emblème bien connu des pirates. Ils ont toujours, dans tous leurs engagements, hissé le pavillon à tête de mort.Baudelaire, Trad. Poe, Histoires extraordinaires, « Le scarabée d'or », p. 102.3 Qu'est-ce qu'un thyrse ? Selon le sens moral et poétique, c'est un emblème sacerdotal dans la main des prêtres et des prêtresses célébrant la divinité dont ils sont les interprètes et les serviteurs.Baudelaire, le Spleen de Paris, « Le thyrse ».♦ Spécialt. Signe typique représentant un personnage. || L'emblème mythologique d'un héros. ⇒ Attribut. || Diane a pour emblème le croissant; Mercure, le caducée; Hercule, la massue; Neptune, le trident.3 Être ou objet concret, consacré par la tradition comme représentatif d'une chose abstraite (idée, sentiment, vertu…). ⇒ Symbole. || La violette est l'emblème de la modestie; le lis, de la pureté; le lion, du courage.4 La fauvette fut l'emblème des amours volages, comme la tourterelle de l'amour fidèle; cependant, la fauvette, vive et gaie, n'en est ni moins aimante ni moins fidèlement attachée et la tourterelle, triste et plaintive, n'en est que plus scandaleusement libertine.Buffon, Hist. nat. des oiseaux, Fauvette, Œ., t. VI.♦ Par ext. Vieilli. Image.5 Ces folles robes sont l'emblèmeDe ton esprit bariolé (…)Baudelaire, les Fleurs du mal, « À celle qui est trop gaie ».❖DÉR. Emblématique.
Encyclopédie Universelle. 2012.